Les images mentent ?

« Les images mentent ? » C’est le titre d’un livre où les sujets abondent : manipulation des images par les politiques, détournement de photos (retouchées, sorties de leur contexte et/ou accompagnées de légendes qui varient la donne), images stéréotypes ou jouant contre les stéréotypes etc. Car la réponse à cette question -à savoir si les images mentent, est définitivement OUI. Oui nous avons les moyens de manipuler les images depuis très longtemps. Et donc, de manipuler le public.
Vous pouvez le télécharger. Je viens juste de le « survoler » et je voulais le partager avec vous, Pascal Bertrand et heureux étudiants de l’IUFM ayant choisi l’art plastique car ce sujet est captivant.

http://www.decryptimages.net/images/stories/EXPO/imagesMentent.pdf

Katia B.

Stratégie poétique et militaire

Pour tromper l’ennui, je crée, j’écris et je lis.
J’ai érigé une montagne de romans,
Une forteresse imprenable qui me protège de mes ennemis.

Pour tromper l’ennemi, j’ai appris à lui sourire, à le dompter.
J’ai mis au point une sorte de stratégie militaire :
J’ai feind d’enterrer la hâche de guerre
Pour mieux le vaincre et triompher.

Je danse et je chante ma joie comme ma tristesse.
Je bois le vin jusqu’à la lie et feind l’ivresse.
En vérité je suis sur mes gardes jour et nuit.

J’apprivoise doucement mon crocodile.
Je perce à jour les mystères sombres et vils,
Et la part d’ombre qui entache ma vie.

Katia Bodenes

Caraco

J’ai échoué, j’ai échoué sur une île
Aride et hostile. Où aucun arbre ne semble porter ses fruits.
Ecorchée par les rochers, je panserai peu à peu mes plaies.
J’amarre mon radeau de fortune à un arbre étrange.
Que faire de tous mes bagages, valises et malles ?
Les laisser ? Et portés par les courants forts,
Ils échoueront sur d’autres rives.
Lasse et blessée, j’aperçois soudain sur l’Autel
Une petite bête innocente qui gît, sacrifiée
Pour calmer je ne sais quel dieu en colère.
J’ai échoué sur cette île…
Je dois bâtir pour cette nuit une hutte.
Cueillir des fruits. Faire un feu pour me réchauffer.
Je suis Robinson en jupons et caraco.
J’érigerai demain une ville fortifiée pour me protéger.
J’apprendrai seule à me défendre. Il le faut !
(Même si parfois je me sens Don Quichotte qui lutte
contre de gigantesques moulins à vent.)
J’ai échoué, j’ai échoué sur une île
Qu’il me faudra apprivoiser et explorer.
Est-elle déserte ou habitée ?

Katia B.

Mémorial de l’abolition de l’esclavage – Nantes

Comment mettre en scène la mémoire et les traumatismes dans un espace public ? Avec quels médiums ? Faut-il effleurer ces pans violents et criminels de l’Histoire pour ne pas choquer ou les exposer à la lumière crue du jour ? Théâtraliser ou édulcorer l’atroce réalité ? Krzysztof Wodiczko et Julian Bonder ont tous deux travaillé sur le sujet.
Quand on entre sur l’esplanade, le parvis est jonché de plaques commémoratives : des noms d’expéditions, de bateaux négriers… (ne pas regarder le ciel sous peine de ne rien voir). Ensuite, on entre dans la partie souterraine de l’exposition. La part d’ombre et sombre de l’Histoire. Quelques dates importantes sur une frise nous rappellent que l’abolition de l’esclavage a maintes fois été votée, puis l’esclavage rétabli etc. Des lumières rouges-sang. Des portraits d’esclaves noirs que l’on devine. Une bande sonore nous renvoit des bruits presqu’inaudibles de chaînes d’esclaves, de la mer déchaînée et quelques paroles. On se croirait dans la cale d’un bateau négrier. Sur chaque panneau oblique, les mêmes mots gravés et répétés comme un leitmotiv et dont voici quelques-uns : Mom sa bop, Fahafahana, Ufolo, Liberdade, Freedom, Liberté ! La liberté, en toutes langues, en tous pays. Un rêve ? Une utopie ? Sont gravées aussi les citations d’hommes politiques, écrivains, artistes, hommes d’église… Des témoignages d’anciens esclaves. Des extraits de poèmes, de chansons, de Negro spirituals. Au bout du parcours qui forcément informe, bouleverse, choque et fait réfléchir, une petite ouverture nous laisse entrevoir le Palais de Justice -ce grand bâtiment noir, sur l’autre rive.
Katia B.

Voyage à Nantes – Playgrounds 2

Jouer au badminton avec un filet haut de 2 m 50 sur un terrain de jeu en couleurs, (du coup se sentir lilliputien). Faire du basket équipé de lunettes 3D, avec un vrai ballon mais un faux panier (en 3D). Taper dans un club de golf dont l’extrémité est une chaussure à talon haut. Etc. Vous en aviez rêvé ? Playgrounds l’a fait !
Jusqu’au 15 août, le Lieu Unique propose une exposition hors du commun qui place le spectateur non plus dans le rôle du « benêt » admirant les oeuvres bouche-bée d’admiration mais dans la position d’acteur. Pour une fois son corps, plus que son âme, peut entrer dans le jeu : courir, dribbler, lancer, sauter, tomber, jouer… Tout est possible. Il peut aussi être filmé durant une performance : son image est ensuite projetée sur grand écran, face aux starting-blocks.
Ces jeux, inspirés de jeux existants, sont revisités, pensés et construits par des équipes d’architectes de Nantes, Paris et Rennes. Ainsi cette exposition est à la frontière de l’architecture, du conceptuel, de l’installation et de la performance (surtout celle des gens qui, comme moi, ne sont pas sportifs). Je pense y retourner, surtout pour le badminton géant !
Katia B.

Le voyage à Nantes – Agnès Varda 1

Itinéraire 1 Voyage à Nantes. Passage Pommeraye, une boutique a été reconstituée par Agnès Varda telle qu’elle était lorsque Jacques Demy a tourné le film : « Une chambre en ville », avec Piccoli. Plusieurs télévisions sont exposées. L’une d’entre elles nous présente les dernières élections présidentielles. Une autre : le film Jacquou le Croquant, au ralenti, car les images du passé et de l’enfance s’étirent parfois… Une projection d’extraits du film de Demy passe à intervalles réguliers.
Reste aussi la valise de l’actrice, posée près du comptoir, laissée là lorsqu’elle a fui son mari. Parce qu’elle voulait divorcer, il ferme sa boutique à clef, pensant garder son épouse. Il finira par se trancher la gorge et mourir devant elle. Ne restait plus qu’une seule solution : casser le vasistas et fuir, sans sa valise. Démunie et nue sous son manteau de fourrure.
Au 14 rue de Santeuil, en haut du passage Pommeraye, l’artiste a aussi mis en scène un squatt qui me donne aussitôt la chair de poule. Murs défoncés (à coups de masse), crasseux, quelques portes condamnées, vitres cassées ou réparées avec du gros scotch, lavabos fêlés… Un piteux matelas. Un caddie. Un poêle à bois. Et trois écrans de télé : dans l’un d’entre eux, tranformé en four à micro-onde, mijote un cassoulet (de premier prix). Dans l’autre nous sont contées des histoires… « Il était une fois un homme, des pays de l’Est, qui avait fuit son pays et surtout le dirigeant politique et la mafia. Il y a aussi cette femme et ses enfants qui ont quitté le sol africain à feu et à sang, la misère. Etc. » Ces réfugiés et emmigrés ont atterri ici, dans le pays des Droits de l’Homme et du Citoyen. Mais ils essaient de survivre, fouillent les poubelles des hypermarchés pour se nourrir. Le Conseil Général en loge quelques-uns dans des hôtels de Nantes, faute de logements. Ils perçoivent aussi un peu d’argent, contre quelques heures de travaux d’intérêt général. Certains n’ont d’autres solutions que de squatter. Agnès Varda a rencontré beaucoup de squatters, avant de mettre en scène cette exposition-installation. Elle sait de quoi elle parle. Sur les murs de l’expo, des coupures de journaux témoignent de leurs vies de misère. A moins qu’elles ne filtrent la réalité (trop crue) comme le font certains médias actuels.
28 juillet 2012; Katia B.