Itinéraire 1 Voyage à Nantes. Passage Pommeraye, une boutique a été reconstituée par Agnès Varda telle qu’elle était lorsque Jacques Demy a tourné le film : « Une chambre en ville », avec Piccoli. Plusieurs télévisions sont exposées. L’une d’entre elles nous présente les dernières élections présidentielles. Une autre : le film Jacquou le Croquant, au ralenti, car les images du passé et de l’enfance s’étirent parfois… Une projection d’extraits du film de Demy passe à intervalles réguliers.
Reste aussi la valise de l’actrice, posée près du comptoir, laissée là lorsqu’elle a fui son mari. Parce qu’elle voulait divorcer, il ferme sa boutique à clef, pensant garder son épouse. Il finira par se trancher la gorge et mourir devant elle. Ne restait plus qu’une seule solution : casser le vasistas et fuir, sans sa valise. Démunie et nue sous son manteau de fourrure.
Au 14 rue de Santeuil, en haut du passage Pommeraye, l’artiste a aussi mis en scène un squatt qui me donne aussitôt la chair de poule. Murs défoncés (à coups de masse), crasseux, quelques portes condamnées, vitres cassées ou réparées avec du gros scotch, lavabos fêlés… Un piteux matelas. Un caddie. Un poêle à bois. Et trois écrans de télé : dans l’un d’entre eux, tranformé en four à micro-onde, mijote un cassoulet (de premier prix). Dans l’autre nous sont contées des histoires… « Il était une fois un homme, des pays de l’Est, qui avait fuit son pays et surtout le dirigeant politique et la mafia. Il y a aussi cette femme et ses enfants qui ont quitté le sol africain à feu et à sang, la misère. Etc. » Ces réfugiés et emmigrés ont atterri ici, dans le pays des Droits de l’Homme et du Citoyen. Mais ils essaient de survivre, fouillent les poubelles des hypermarchés pour se nourrir. Le Conseil Général en loge quelques-uns dans des hôtels de Nantes, faute de logements. Ils perçoivent aussi un peu d’argent, contre quelques heures de travaux d’intérêt général. Certains n’ont d’autres solutions que de squatter. Agnès Varda a rencontré beaucoup de squatters, avant de mettre en scène cette exposition-installation. Elle sait de quoi elle parle. Sur les murs de l’expo, des coupures de journaux témoignent de leurs vies de misère. A moins qu’elles ne filtrent la réalité (trop crue) comme le font certains médias actuels.
28 juillet 2012; Katia B.