BONNIEC HELENE M1 – TD2 – GROUPE 4


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Vous vous trompez sur toute la ligne


La première production que j’ai réalisée était sur le thème de la ligne. Les différentes incitations « Des lignes qui grandissent, poussent et meurent dans l’espace de la feuille » ou encore « Des lignes qui apparaissent puis disparaissent, s’effacent progressivement » m’ont amenée à évaluer l’étendue des possibilités qui s’offraient à moi. J’ai voulu travailler essentiellement sur les différentes contradictions subtiles que l’on peut découvrir à travers les lignes.

J’ai alors décidé de l’intituler « Vous vous trompez sur toute la ligne ».


Explication de la démarche :


Tout d’abord, j’ai remarqué que les lignes que l’on voient continues et uniques peuvent en fait s’avérer discontinues et multiples. Ce qui semble être une ligne marquée et visible n’est souvent qu’une continuité virtuelle de contours ou de lignes réelles.

C’est dans cette logique que j’ai représenté un cadre au centre de cette feuille sans cadre. Des lignes rectilignes et courbes naissent, ondulent, se séparent et disparaissent autour de ce cadre virtuel qui fini par apparaître et ainsi devenir réel au yeux de l’observateur. J’ai ainsi mis en avant une déstructuration des lignes qui ne semblent plus continues (on peut imaginer que les lignes sont continues sous le cadre ou alors qu’elles s’arrêtent brusquement au niveau de celui-ci). Les différentes couleurs, épaisseurs et matières qui forment les traits contribuent à différencier les lignes et à maintenir une sorte de confusion autour du cadre central.


Processus de création :


Pour réaliser mon oeuvre « Vous vous trompez sur toute la ligne »,  j’ai utilisé une grande feuille Canson de format raisin soit 50 x 65 cm. J’ai déposé un cadre en bois au centre, de biais. J’ai ensuite recherché dans toute la salle d’arts plastiques ce qui pouvait faire office de ligne. J’ai donc utilisé du skoch noir, une bande striée rouge et blanc effet « bande de chantier » et j’ai également dessiné des lignes avec des crayons de couleur, de la peinture, des crayons pastels et des feutres. J’ai par la suite découpé des bandes striées dans des magazines. J’ai utilisé des grilles de mots croisés pour pouvoir délimiter au mieux le cadre car les lignes dessinées ne suffisaient pas. Mon travail est essentiellement du collage.

Pour terminer j’ai enlevé le cadre en bois central ce qui a laissé apparaître de nouvelles lignes virtuelles. J’ai ensuite découpé le contour de la feuille de façon aléatoire pour contraster avec le caractère rectiligne du cadre central, pour effacer les frontières que l’on pourrait se fixer.


On peut visualiser l’oeuvre dans n’importe quel sens, j’en ai choisi un pour la photographie. On peut remarquer également que lorsqu’on la déforme, cela crée d’autres types de lignes.


Utilisation de l’oeuvre en classe :


Dans l’apprentissage de l’écriture, l’enfant est amené à reconnaître toutes sortes de lignes, de courbes qui mènent à une signification, que ce soit de l’ordre de la lettre ou du chiffre. Certaines conceptions de la ligne peuvent dès lors être figées. Si l’on demande à un enfant de faire une ligne, il aura sans doute envie d’utiliser sa règle.


Il est important de montrer qu’une ligne peut avoir de multiples aspects, elle peut bien entendu être rectiligne mais aussi se courber, être discontinue, se fondre dans une autre ligne. Le début et la fin d’une ligne ne sont finalement pas si aisés à déterminer. La superposition de différentes lignes constitue également une nouvelle ligne. Il est nécessaire de mettre au jour les possibilités infinies que les lignes peuvent nous offrir, non pas en les opposant à la rigueur que peut induire l’écriture ou les mathématiques, mais en enrichissant une vision générale de ce que l’on peut produire avec des traits.


Tout ceci peut servir à dédramatiser certaines contraintes de l’école et pousser les élèves à repousser certaines limites. Il est important de faire comprendre aux enfants que l’ont peut prendre du plaisir en façonnant des lignes, en dessinant tout simplement. Ce type de travail pourrait être présenter en classe, les élèves pourraient réfléchir aux différents moyens de faire apparaître une forme grâce aux lignes comme j’ai pu le faire dans ma production.


Photographie de la référence artistique choisie :



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http://www.estherstocker.net/

Ester Stocker, Sans titre, 2009,

noyau en mousse, ruban adhésif et structure fixée avec des épingles sur les murs, 2,92 x 6,85 x 5 m,

exposition Beyond These Walls, South London Gallery


Le noyau en mousse est un matériel idéal pour la création artistique. Il est constitué d’un noyau central de polystyrène recouvert des deux côtés par du papier enduit d’argile. Cela forme une sorte de cloison.


Esther Stocker :

Ester Stocker est une artiste italienne né en 1974. Elle a étudié à l’Académie des Beaux-arts de Vienne et de Brera-Milan, puis au Art Center College of Design de Pasadena (Californie). Depuis, elle expose largement dans les musées et centres d’art européens (Autriche, Allemagne, Italie, France…), ainsi qu’aux États-Unis. Elle a exposé en 2009 à la South London Gallery «Beyond These Walls», où l’on a pu admirer l’oeuvre ci-dessus.


Pourquoi ce choix ?


L’oeuvre d’Esther Stocker me semble très intéressante dans la mesure où elle utilise l’espace en trois dimensions pour placer des lignes et déstructurer l’environnement. Ainsi, les contours des murs qui constituent des lignes « naturelles » se fondent avec des lignes « artificielles ».


Le contraste vient de l’opposition entre le noir et le blanc. Les ombres constituent également des lignes à part entière. La profondeur de la pièce est alors modifiée. La présence de la femme au milieu de cette structure paraît presque incongrue et apporte un élément de comparaison. D’autres oppositions apparaissent alors : les lignes, les courbes et les couleurs de notre corps face à cette apparente froideur rectiligne en noir et blanc.

Certaines formes sont des rectangles où il manquerait un ou plusieurs côtés. La pensée humaine a tendance à vouloir fermer ce rectangle or il reste ouvert. De la même façon, on peut se demander si l’artiste a utilisé le même format de cadre pour élaborer son œuvre. Cela contribue à déstructurer l’espace.


Ester Stocker arrive ainsi à nous dérouter, elle essaye de déconstruire ce que l’on a pu apprendre pour réorganiser l’espace et ainsi étonner l’observateur. Esther Stocker parle de « mathématiques existentielles » qui coordonnent notre environnement personnel et collectif. Les abstractions de l’artiste sont ainsi liées au particulier et au social ; elles sont des métaphores d’une société dans laquelle de faibles ruptures permettent de déstabiliser tout un ordre réglementé. Je pense que c’est principalement sur cet aspect que son œuvre rejoint ma production.


Cependant il existe des différences plastiques entre nos deux créations. En effet, Ester Locker insiste tout particulièrement sur la ligne droite, les formes rectangulaires et le noir qui apporte une continuité entre les lignes. L’importance ici porte sur l’effet globale de l’agencement des lignes. Elles sont toutes parallèles ou perpendiculaires. Le désordre relève donc du placement des différents traits mais reste tout de même organisé. J’ai accordé plus de liberté dans l’élaboration de mon œuvre en termes de couleur, de direction et j’ai choisi un support en deux dimensions. L’observateur est donc invité à déconstruire certaines de ses conceptions réglementées pour pouvoir apprécier ces deux œuvres librement.


(accord pour le super blog)

Une réflexion sur «  »

  1. L’essentiel est dit.
    Excellents argumentaires. La référence convoquée est des plus judicieuses.
    Pascal Bertrand

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