L’amaquette – Chloé Le Fralliec – M1-TP2-G4

Lors de la visite de l’exposition Trucville d’Olivier Thuault au CAUE, nous avons eu l’occasion de voir des travaux en volume (Cinq), des animations vidéo et des dessins. Des thèmes transversaux apparaissent dans ses œuvres: les paysages urbains, l’architecture, la mutation de l’espace urbain… L’artiste interroge la notion de volume mais aussi de mouvement.

A l’occasion de la visite de l’exposition, nous avons réalisé des croquis des volumes d’Olivier Thuault, des variations sur un même bâtiment appelées Cinq . J’ai pour ma part choisi de reprendre ce croquis comme point de départ, incitation, au TP3 sur les Volume(s).

Croquis réalisé d'après une des maquettes de Cinq d'Olivier Thuault
Croquis réalisé d’après une des maquettes de Cinq d’Olivier Thuault

Incitation: Volume et espace, volume et lumière

Matériel: Fil de fer, fil de fer gainé plastique, pince coupante, fil de pêche, écran, lampe de poche, un appareil photo/caméra, une copine pour tenir la caméra

Pour répondre à l’incitation Volume et espace, j’ai modelé à partir de mon croquis un volume en fil de fer. Le fil de fer permet de mettre en valeur les arêtes des volumes et en valoriser les vides, imaginer l’intérieur qui se cache derrière ces cloisons opaques.

J’ai réalisé le premier volume (la base de la maquette, 1) en fil de fer gainé et l’élément du haut (3) en fil de fer fin. Effectivement, le diamètre fin du fil constituant le volume du haut traduit, la légèreté de cette petite maison qui visiblement ne demande qu’à prendre son envol. Pour réaliser ces deux volumes j’ai pris soin de ne pas couper le fil de fer, à la manière d’un dessin d’un seul trait. Une sorte de petit « défi technique » qui permet aussi de ne pas s’attacher à la précision du trait mais à rester plutôt dans un plan général et spontané. Un manière de se détacher de la maquette et du croquis, en opposition à la précision des maquettes d’olivier Thuault.

J’ai suspendu la petite réalisation (avec un fil transparent) au dessus de la base (1) respectant le schéma global de la maquette de Thuault. Le volume intermédiaire (2) naissant dans mon travail par la suspension de la maisonnette (3), il est ainsi inexistant mais tout de même suggéré.

Photographie de la sculpture de fil qui semble ici être un dessin...
Photographie de la sculpture de fil qui semble ici être un dessin…

J’ai photographié ma structure avec un éclairage diffus sur fond blanc. La photographie écrase complètement le volume qui semble ici être un dessin.

J’ai alors recherché un moyen de de transmettre l’idée de volume. J’ai associé le mouvement d’une lumière pontuelle et la vidéo pour faire vivre la structure. On prend conscience du volume grâce à la lumière, au mouvement et aux ombres créées.

Pour réaliser cette vidéo, la caméra est posée et la source lumineuse bouge. Elle mime le mouvement du soleil qui se lève et se couche puis dans un deuxième temps « déraille » et joue avec les ombres.

L’ombre projetée sur l’écran blanc permet le retour à la 2D et par là au dessin, au croquis de la structure.

Partir d’une maquette en 3d, en faire le croquis, duquel nait une structure en volume qui elle même est à l’origine d’une ombre projetée. Voilà, finalement, la démarche de mon travail.

Mise en relation avec l’oeuvre de Thuault

Le choix d’Olivier Thuault s’impose. Effectivement, mon travail est librement inspiré de sa variation Cinq. Voici deux des variations à partir d’un même bâtiment qui composent Cinq.

 

 

Deux variations d'un même bâtiment

 

 

Olivier Thuault, Cinq

carton, colle, bois pour les socles

Nantes, 2010

http://www.olivier-thuault.com/page-accueil.html

L’artiste a réalisé ses maquettes exclusivement en carton et colle. La précision et l’importance qu’il accorde aux finitions sont à mettre en parallèle avec l’art exigeant de la maquette. L’artiste décline 5 maquettes à partir du même bâtiment en imaginant des dispositions différentes, des transformations subies par le bâtiment.

J’ai recherché une analogie dans le plan de construction. En revanche, j’ai choisi d’explorer les vides, l’œuvre Cinq d’Olivier Thuault se compose de maquettes aux parois opaques. J’ai travaillé pour ma part sur le vide, en quelque sorte sur le négatif de la maquette (d’où mon titre tordu : L’amaquette).

Les différentes maquettes d’Olivier Thuault donne l’impression de la mutation de ce bâtiment dont certaines étapes auraient été immortalisées par la représentation en volume. A l’inverse, j’ai choisi d’utiliser la vidéo pour rendre compte de la vie de ma structure quand elle est éclairée.

Une différence fondamentale entre l’œuvre d’Olivier Thuault et ma réalisation réside dans le fait que je n’ai pas recherché à faire une maquette, art exigeant dans la recherche du détail, objet de travail, support de projet. Mon travail s’apparente plutôt à une esquisse ou un dessin en un seul trait transposé pour l’occasion en volume.

Parallèle avec les sculptures de fils d’Alexander Calder

A ce titre, ma démarche est proche de celle de Alexander Calder; L’artiste sculpte avec du fil de fer des portraits, animaux et acrobates. Dessins dans l’espace, ses sculptures restituent la vie et le mouvement de leurs modèles. Calder est l’inventeur de cette nouvelle forme de sculpture au début du XXème siècle.

Aztec Josephine Baker - A. Calder

Alexander Calder, Aztec Joséphine Baker, 1929

fil de fer, 135x25x23 cm

Fondation Calder, New York,

http://www.calder.org/

Entre 1926 et 1929, Calder réalise plusieurs sculptures de Joséphine Baker. Danseuse, chanteuse, meneuse de revue, cette Américaine, est la star du music’ hall des années vingt. Ses sculptures en fil de fer s’attachent à restituer le mouvement de la danseuse. Elles prennent vie grâce aux ombres qu’elles produisent.

Les sculptures en fil de Calder sont exposées et vivent quand l’observateur tourne autour, adopte différents points de vue. C’est cet effet que j’ai tenté de rendre par la video. J’ai choisi un point fixe pour la caméra et une source lumineuse qui bouge, j’aurais pu aussi expérimenter le contraire et me rapprocher ainsi de l’œil d’un observateur.

Transposition didactique

A partir de cette production, j’envisagerais des séquences pluridisciplinaires en art visuel, en science et en maîtrise de la langue. Le thème transversal, Ombres et lumière, est au programme du cycle 3 en science, mais se trouve être mine d’inspiration pour des travaux en arts visuels.

L’objectif de la séquence d’arts visuels sera la construction d’une sculpture faite de fils et de matériaux de récupération (papier, carton, bois, métal…) et sa mise en lumière afin d’en apprécier le volume, les ombres propres, les ombres portées.

La séquence permettra de travailler sur différentes compétences en arts visuels : la création individuelle en trois dimensions sur un volume, puis la recherche de mise en scène et enfin la technique de la photographie.

Ce travail sera exploité par la suite en science comme situation de départ de la démarche d’investigation. A l’issue de la séquence d’arts visuels pourront être posées des questions scientifiques sur les ombres et la lumière et ainsi ouvrir un projet scientifique.

Situation pédagogique

La séance décrite ici prend place dans une séquence d’arts visuels. Auront été réalisé par les élèves, lors de séances précédentes, des sculptures en fil de fer souple et matériaux de récupération.

Objectifs de la séance d’arts visuels :

  • appréhender le cadrage, le point de vue, le caché, le montré, le flou le net, le proche, le lointain en photographie
  • expérimenter les effets différents effets obtenus en modifiant la lumière et donc les ombres.
  • mettre en valeur une production d’art visuel

Consigne : Rechercher une mise en scène des sculptures dans l’espace en les illuminant avec le matériel à disposition.

Contrainte : Choisir un emplacement de la structure et sans la déplacer prendre 3 photographies différentes de la sculpture.

Matériel :

  • Les sculptures réalisées individuellement par chaque élève
  • draps blancs, grandes feuilles de papier blanc et autres couleurs
  • lampes de poche, vidéo-projecteur, rétro-projecteur, miroirs
  • un appareil photo par groupe
  • fil de pêche
  • supports et socles divers : boites de différentes tailles + papier pour les recouvrir…

Modalité de travail : travail par groupe de 3 élèves. Le travail en groupe permet d’expérimenter des techniques qui nécessitent l’intervention de plusieurs personnes. Par exemple, si les élèves veulent utiliser plusieurs sources de lumière ou s’ils souhaitent faire bouger l’écran où sont projetées les ombres.La travail sera donc collaboratif mais le groupe travaillera sur la mise en lumière de la sculpture de chaque élève du groupe mais il leur sera possible de les photographier ensemble. Ainsi ils pourront travailler sur le jeu des ombres de plusieurs objets.

Rendu attendu : trois photographies de chaque sculpture, ou photographie de le mise en scène de plusieurs sculptures.

Évaluation/Verbalisation : Projection des photographies réalisées par les élèves en classe. Demander à des élèves volontaires de décrire leur démarche.

Les élèves seront interrogés au fil des photographies sur les différentes techniques qu’ils ont employé pour obtenir des résultats divers :

  • Mise en scène de la sculpture : posée sur un socle ? Au sol ? Suspendue ? Mise en place d’un écran ? De papier au sol ?
  • Illumination de la sculpture : source ponctuelle ou diffuse de lumière ? Quels effets sur les ombres ? Éloignement de la source lumineuse : proche ou loin de l’objet ? Orientation de la source lumineuse : par en dessous, par le dessus ? Nombre de sources ?
  • Écran : de quelle couleur ? La sculpture exposée est proche ou loin de l’écran ?
  • Cadrage de la photographie : pour voir les ombres : entière, une partie ? Et l’objet apparait-il en lui-même sur la photographie : en entier, en partie ?
  • Position du photographe : en plongée, contre-plongée ?
  • Forme des ombres obtenues : Est-elle toujours celle attendue ? Chercher les surprises…

On finira la séance par des questions qui pourront directement utiles lors de la séance de science : Comment obtenir de plus ou moins grandes ombres ? Sur quels paramètres avez-vous agit pour faire varier les ombres ?

Pour aller plus loin… Je proposerais un projet en maîtrise de la langue : Écriture et création d’un théâtre d’ombre à partir de leurs sculptures. Par groupe : imaginer, écrire et mettre en scène des scénettes de théâtre où les ombres de leurs sculptures seraient les héros.

Super Blog OK


 

Une réflexion sur « L’amaquette – Chloé Le Fralliec – M1-TP2-G4 »

  1. Ambitieuse séquence, solidement ancrée dans des apprentissages, comme l’a été ton travail d’investigation au sein de cellulart cette année.
    Chapeau Chloé !
    Peux-tu mettre ton petit film dans la catégorie film d’animation du blog, sans oublier votre synthèse pour cellulart, évidemment ?
    Merci encore
    Pascal BERTRAND

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