Outils d’analyses filmiques exploitables en classe:

L’image fixe ou animée est entendue comme trace ou indice d’un fait, d’un événement ou d’une présence. On distingue l’image vraie (le réel) , de l’image fabriquée, construite, photographiée, rêvée. L’image témoigne donc du réel (l’image est reflet-Imago et possède un référent réel ) ou le simule, le recrée, le réinvente (Fictionnelle, l’image nous fait croire. Elle n’est pas la réalité ). Dans cet écart inévitable entre le réel et son image, entre la ressemblance (représentation-mimésis) et la vraisemblance (fiction) se trouvent les choix de l’artiste qui révèlent les intentions de l’auteur.

Exemples d’objectifs possibles d’un professeur en classe de 5ème:

– Amener l’élève à comprendre que l’image ressemblante ne se limite pas à la seule
reproduction du visible, mais qu’elle instaure des similitudes et des écarts avec le modèle
qu’elle reproduit. Ces écarts peuvent être d’ordre plastiques (matière, texture, couleur etc pour les images fixes et sons, narrations, voix, gestes, rythmes, montages, raccords etc pour des images animées) et sémantiques (métaphorique, poétique, symbolique…).
Il s’agira notamment de comprendre que l’image de la réalité n’est pas la réalité.
– Comprendre que l’image relève des intentions d’un auteur et s’adresse à un public ciblé.
– Comprendre que l’image est un langage propre qui possède ses codes.

Éduquer à l’image, c’est indissociablement éduquer par l’image. C’est
éduquer à la capacité de décoder des images pour résister à la sidération
hypnotique. Mais c’est aussi accompagner un sujet pour qu’il approche
l’image comme une œuvre, porteuse d’une intention et permettant d’accéder
à l’intelligence de soi et du monde. Pas d’image sans grammaire. Mais pas
de grammaire sans texte. Les exercices scolaires ne sont éducatifs que s’ils
sont aussi des exercices d’admiration partagée»
Philippe Meirieu – colloque pour l’éducation à l’image de demain-2012


Réaliser des images, faire un film permet aux élèves de s’exprimer, de
poser un regard sur eux-mêmes et sur le monde qui les entoure. Écrire un
scénario est une manière de formaliser une idée, une histoire, une
émotion…Prendre un appareil photo ou une caméra est un moyen, un outil
pour retranscrire une sensation. Alain Bergala – l’hypothèse cinéma

Le premier film, en continu, sur une bande de moins d’une minute, en un seul plan fixe de l’histoire du cinéma:

https://www.youtube.com/watch?v=v6i3uccnZhQ&ab_channel=PrimaVistaQuartet

Brève analyse: Le 28 /12/1895, première représentation à succès du cinématographe, « curiosité sans avenir commercial » selon Lumière ! L’action est brève, comme dans toutes « les vues » des Frères Lumière. Venue du fond de l’écran, une locomotive approche, ralentit et s’arrête, en gros plan dans le champ. Les voyageurs descendent, parmi lesquels Mme lumière et deux de ses petits enfants ! Selon la légende, assis devant l’écran, les spectateurs présents dans la salle du Grand Café à Paris sont effrayés par le train qui paraît se précipiter sur eux ! Epousant le point de vue de la caméra fixe, ils sont saisis par l’effet de réel produit par le mouvement. Le train arrive dans le café à la même vitesse – en mettant le même temps -que dans la gare.

Situé sur le quai, le point de vue de la caméra s’aligne sur celui de l’axe des rails, en perspective: la profondeur du champ procure une réserve d’espace dynamique, propre à la dramatisation du mouvement. La locomotive lointaine semble initialement avoir une vitesse moins grande que lorsqu’elle parcourt les derniers mètres, où elle s’engouffre dans le cadre en le saturant brusquement.

« Lumière, créateur ingénieux, découvre ici l’effet d’élasticité spatiale et temporelle propre au cinéma. Le cinéma se pose d’emblée comme une machinerie illusionniste, capable aussi bien de suggérer une impression de réalité que de nous entraîner dans les mirages de l’imaginaire« . Extrait de « la petite fabrique de l’image  » Ed. Magnard.

Documents textuels et iconiques sur l’analyse filmique:

Deux exemples d’analyses autour du film de Jean-Luc GODARD A bout de souffle de 1959:

Des protocoles de tournage filmique, entendus comme;  graines, entrées, amorces, étincelles, déclics, déclencheurs, challenges, missions, obstacles, leviers, jeux, contraintes, ont été donné à des stagiaires M2, dans le cadre de l’offre modulaire cinéma.  Il s’agissait de faire un court-métrage afin de se placer dans une relation active au monde. Voici l’un d’eux, d’une grande qualité, réalisé par Thomas BAUDRE et Eugénie HOUYVET, stagiaires M2 en Arts Plastiques:

https://pod.inspe-bretagne.fr/video/0401-correspondance-videographique-en-mode-covid-court-metrage-realise-par-thomas-baudre-et-eugenie-houyvet/

Exercez-vous à analyser cet autre court-métrage fantastique, « Le trou noir » de Phil SAMPSON et Olly WILLIAMS de 2008; Entre l’univers littéraire d’anticipation d’Aldous Huxley (1894-1963) et Georges Orwell, son élève (1903-1950) et l’univers cinématographique de « Brazil » de Terry Gilliam -1985:

https://www.youtube.com/watch?v=P5_Msrdg3Hk&ab_channel=FUTURE

Deux documents iconiques comportant des photogrammes extraits du film:

Deux autres documents exploitables en classe autour du même film:

Autre proposition d’analyse filmique: The Artist de Michel Hazanavicius 2011, pastiche sur l’âge d’or d’Hollywood et le cinéma muet ou plutôt non-sonore, avant l’arrivée du parlant en 1927 (voir le chanteur de jazz). Film dans le film ou mise en abyme du cinéma, entre comédie et drame, The Artist est à voir ou à revoir (3 extraits de 3 mn à exploiter en classe) :

Boris Vian dans le bric-à-brac de Michel Gondry:

Le cinéaste Michel Gondry a adapté librement en 2012, le roman initiatique  » L’Écume des jours » de Boris Vian, avec Audrey Tautou et Romain Duris. Il revient expliquer sa démarche sous la forme d’un film d’animation, en papiers découpés et post-its, dont il a le secret:

https://www.youtube.com/watch?v=msuu6rb1Ozg&ab_channel=BorisVian

Analyser, comparer, des affiches de cinéma, des photogrammes d’un même film

« A BOUT DE SOUFFLE » de Jean-Luc GODARD de 1959: Niveau Lycée

L’affiche de cinéma est à la fois une affiche publicitaire – dont la visée de communication est conçue pour attirer le spectateur – et une « image de cinéma » – à visée artistique.

Analysez comment se conjugue ces deux impératifs: 1. sous l’angle des constituants plastiques présents sur l’image – Composition – couleur – dessin, forme – mise en image de différentes scènes du film (ou d’une seule) -typographie. 2. sous l’angle des choix sémantiques (signification) – effet de stylisation – citation – symbole – allégorie.

Analysez comment le film se « traduit » dans l’affiche, dans un photogramme (arrêt sur une image extraite du film). Etudiez la perspective historique: esthétique du graphisme, de la mise en image, de l’atmosphère, de la sensibilité et des goûts de l’époque. On pourra procéder à la même démarche avec « Les 400 coups » de François TRUFFAUT au niveau collège.

Une fiche élève et un dossier complet du CNC (Centre National du Cinéma), niveau lycée, autour du film: