Une vision enfermée
Objet de départ:
Un programme de cinéma (feuillet) qui informe des films et des rendez-vous hebdomadaire. Il comporte des affiches de film à venir. C’est un objet usuel, banal, publié en plusieurs tirages. Une affiche de cinéma sur le film « Laisse moi entrer »
Objet d’arrivée:
L’objet d’arrivée constitue le prolongement et le détournement de l’affiche caractérisée par la planche de bois. Il est customisé en s’imprégnant du thème de l’affiche qui est l’enfermement, le cinéma symbolisé par l’affiche et de la perception d’une forme de réalité qui en découle.
CONSIGNE:
« Un objet qui sort du support ou un objet haut en relief » Présenter et représenter l’objet investi en renforçant les articulations du support à l’objet réel.
Contraintes: Visualiser l’objet en lien avec un support. Je me suis donc attarder sur le thème de la vue, de la façon dont on peut faire ressortir l’objet et dans quel but?
Processus de production:
J’ai feuilleté le programme de cinéma et je l’ai regardé comme un spectateur possible. Puis, je me suis arrétée sur une affiche de film qui a attiré l’oeil, la fonction première de l’affiche étant de nous donner envie d’aller voir un film en attirant le regard. Ensuite, j’ai regardé uniquement l’affiche. Je l’ai laissé sur la table (non visualisée) pour aller chercher les matériaux qui explicitent le titre de l’affiche et les intégrer au support. Comme matériel, j’ai utilisé en plus de la planche de bois, un grillage pour encercler les poules, des diapositives, un emballage de yaourt en forme de rond, des yeux sur feuille de rhodoïde et du fil de fer. J’ai tout d’abord collé l’affiche sur la planche (superposition, cache) puis j’ai disposé les images de yeux. Ensuite, j’ai disposé l’emballage de yaourt sur les yeux de la fille sur l’affiche. J’ai disposé le grillage sur l’affiche et les yeux. Enfin, j’ai mis au-dessus des diapositives.
Explicitation:
L’objet représenté repose sur le thème du cinéma et de l’illusion. Le matériel explicite ce lien avec l’objet. Le grillage représente l’enfermement qui rappelle le titre mais peut aussi être en lien avec le suivi obligatoire du synopsis d’un film dans une salle de cinéma, dont tu ne peux changer la fin. Les yeux représentent le spectateur qui, par choix volontaire, regarde le film ou pas (oeil fermé ou ouvert). Les diapositives représentent la fenêtre sur le film, la vue partielle d’une bande annonce. On est poussé à regarder dedans. L’emballage de yaourt caractérise le zoom ou l’arrêt sur image. (cadrage de la caméra). Il est le symbole du filtre (emballage) qui perçoit qu’une partie de la réalité ou une forme de réalité.
« Ce qu’on voit est-il vraiment ce qui est » → Vue, vision de l’objet fait référence au titre « laisse-moi entrer ». On porte un certain regard sut toute objet et toute réalité. Faut-il faire confiance aux images? →Traduire avec fidélité les objets visibles ou contraire s’en détourner. Les méthodes (collage, superposition) et les matériaux sont des rappels de cette vision altérée par notre oeil. La vision est fragmentée et partielle.
L’affiche de cinéma est le symbole de la médiatisation et de la publicité qui se diffuse dans tout l’espace public.
Pistes pédagogiques:
Pour le cycle 3. On peut partir sur un programme de cinéma, sur une affiche → film d’animation, de mangas… Il n’est pas nécessaire d’avoir vu le film bien au contraire! Le titre des affiches ou le thème concerné peuvent être explicité ou détourné par l’apport multiple de matériaux. L’affiche devra être mis en relation avec une planche de bois qui représentera la publicité dans la rue (Placarder les affiches sur les murs). Cette activité peut permettre aux élèves d’aiguiser leur regard face aux images des films de cinéma. L’objet fini révèle, aussi, le rôle et l’importance de la publicité dans la société d’aujourd’hui.
Le parallèle avec l’oeuvre d’un artiste
Le crime ne paie pas, diamètre 110 cm
Jacques Villeglé, plasticien français, né à Quimper en 1926, réalise ses premières œuvres à partir d’objets récupérés sur les plages de la Saint-Malo des débris du mur de l’atlantique. A partir de 1949, à Paris, il prélève sur les murs de la ville des morceaux d’affiches lacérées qu’il retravaille en atelier, donnant ainsi naissance à un nouveau type d’oeuvre auquel il va consacrer toute sa vie d’artiste. Ces affiches toujours très colorées sont comme des empreintes d’un temps révolu et rappellent la fugacité de l’actualité politique ou sociale, ou encore l’omniprésence des médias dans la ville. Il fera parti du groupe des Nouveaux Réalistes qui apparait en 1960.
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une production qui s’inscrit dans l’époque contemporaine:
« On définie la beauté d’une oeuvre par le savoir-faire de l’artiste et sur son appréciation esthétique ». L’art contemporain a rompu avec cette définition classique (une belle représentation d’une chose). Désormais, l’art peut prétendre à la laideur ou à des sentiments plus colérique. Dans les années 80, les artistes préfèrent faire du neuf avec du vieux. Ils recyclent ce qui les entoure. Ils piquent des idées à la pub, à la mode, au cinéma… Dans les années 90, c’est la décennie de l’image.
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Réutilisation et récupération d’un objet:
Jacques Villeglé détourne le message et ouvre un nouvel espace de liberté dans « le crime ne paie pas ». La vision première disparait, elle est remplacée par la nouvelle vision de l’artiste. Pour ma production, j’ai réutilisé l’affiche comme prolongement de sa fonction première. L’affiche est aussi détournée par le travail que j’ai effectué dessus. Elle offre une nouvelle dimension à sa fonction.
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Fonctionalité de l’objet: soumis au regard des gens:
Objets dont la fonction première est d’être vue: affiches publicitaires pour les oeuvres de Jacques Villeglé et affiches de cinéma pour ma production. Ces objets sont revisités par les travaux que l’on a effectué dessus. La place du regard dans les affiches publicitaires et les affiches de cinéma est important pour comprendre l’impact des images sur les hommes. Le regard a évolué entre l’objet de départ et l’objet d’arrivée.