Démarche
La production présentée s’inscrit dans l’incitation « expérimenter et explorer autour de la peinture ».
L’utilisation du support diapo a enclenché une série d’expérimentations guidée par la recherche d’effets de lumière, de couleur et de transparence. A force d’expériences et de projections, la notion de mouvements est alors apparue, à laquelle se sont ajoutés celles d’échelles et de supports de projection. Ce travail a été réalisé collectivement et a donné lieu à une série de huit diapos réalisées avec des outils, médiums et techniques variés (outils: pinceaux, doigts, compas; médiums: papier, beurre, encre, fibres de poireau, tissu, pellicule de film; techniques/gestes: découpage, collage,étalage, superposition, perforation, grattage,..). Nous nous attacherons ici à la présentation de la diapo présentée ci-dessus.
Explication de la production
L’opération plastique initiale était de produire une diapo colorée à partir d’encre de chine afin de rendre compte des effets de transparence et de lumière, elle évoluera tout au long des découvertes.
Le travail a été effectué à partir de deux rhodoïdes découpés au format diapo et insérés dans un cadre. Des gouttes d’encre ont ensuite été déposées à l’aide d’un pinceau fin sur la surface. Suite à la projection de cette diapo, les éléments du visage ont été minutieusement dessinés par grattage, créant une surimpression du dessin sur le fond coloré. L’emprisonnement de l’encre entre les deux rhodoïdes a entraîné des bulles d’air éclatantes et des mouvements d’encre tant qu’elle n’était pas sèche. Des aspects fantomatiques, vivants et organiques se sont alors dégagés de l’image en mouvement.
La projection a été une autre piste à explorer. Timidement projetée proche d’un mur blanc, nous avons ensuite reculé le projecteur afin d’amplifier l’image sur le mur, puis sur les toits enneigés des maisons voisines. La nouvelle dimension amenée par la projection offrit alors au paysage une allure bien singulière. Outre les effets engendrés par les tailles et les supports, la projection a permis de tester les effets d’ombres sur l’image. De l’ombre d’une main mimant un déplacement, à l’ombre d’un corps entier projeté sur cette image initialement mouvante, un nouveau champs d’investigations s’est alors révélé.
http://www.abcgallery.com/P/picabia/picabia28.html
J’ai choisi de comparer ma production avec « Héra » de Picabia (1879- 1953) car bien que les support et les médiums soient différents, les notions de surimpression et de transparences sont communes.
« Transparence », telle est le titre de la série (1927-1932) dans laquelle s’inscrit cette œuvre. A travers ce travail, Picabia avait pour ambition de créer un effet de profondeur sans utiliser la perspective. Il traite également le thème du regard, ici évoqué par la présence de multiples yeux, par lequel il amène à un questionnement sur la perception et la vison.
Outre la résonance des thèmes et des effets évoqués dans cette œuvre, mon choix a été également influencé par les travaux cinématographiques et photographiques effectués par l’artiste durant sa vie. Passionné par l’image et rallié aux mouvements d’avant-garde du début du XXe siècle, Picabia a en effet exploré divers procédés techniques tels que le photomontage et la surimpression.