- Travail sur photocopie: contour et pelage au pastel gras
Nous avons poursuivi notre travail avec les élèves en moyenne et grande section de l’école Jean Nicolas (voir mon article du précédent semestre sur le blog). A partir d’une incitation autour de doudous…qui ont pris la fuite, nous avons suscité l’intérêt des élèves pour des ateliers d’arts visuels. A travers cet objet transitionnel, nous avons construit et proposé une séquence en abordant différentes techniques (dessin, peinture, sculpture, photographie). Chaque séance englobe différents objectifs détaillés ci-dessous. Pour finir, j’analyserai la séance 3 que j’ai menée avec l’aide de Valérie, enseignante au sein de la classe.
Description de la séquence
Séance 1 : visite de la Galerie à vocation pédagogique, exposition des photographies de Pascal Mirande.
Durée : 45 minutes
Objectifs :
- Comprendre ce qu’est une photographie
- Regarder et analyser une image
- Découvrir une image à travers une approche sensorielle
- Prendre la parole en groupe
- Écouter les autres enfants et l’enseignant
- Comprendre et respecter les règles de vie dans une galerie d’art
Compétences travaillées :
- Identifier et nommer des matières qui composent l’image
- Décrire ce que l’on ressent, ce que l’on imagine
- Utiliser un lexique précis (aspect, couleur, forme, taille)
- Comprendre les différences d’échelle
Séance 2 : Introduction du projet autour des doudous. Représenter les doudous et leur pelage à travers le dessin et la peinture.

Incitation : les doudous des enfants de la classe sont partis en vacances et se sont pris en… reprographie ! Après avoir dessiné sur une photocopie du doudou, les élèves représenteront seul leur doudou en peinture.
Durée : 1 heure
Outils-médium : pastel gras (noir, blanc, gris), peinture (gouache noire et blanche), fourchette, pinceaux.
Support : photocopies des doudous (A3 et A4) ; papier Canson beige (A4).
Objectifs :
- Découvrir les notions de 2 et 3 dimensions
- Distinguer la représentation d’un objet et sa réalité
- Travailler le tracé et le contour d’une image
- S’approprier l’image par le dessin, la transformer
- Découvrir les différences de texture à travers l’utilisation d’outils divers.
Compétences travaillées :
- Adapter son geste aux contraintes matérielles (instruments, supports, matériels)
- Utiliser le dessin comme moyen d’expression et de représentation
Séance 3 : sculpter des doudous en argile (GS)

Durée : 45 min
Outil : ébauchoirs, mirettes, mains, doigts, barbotine.
Médium : argile, copeaux de bois, bouts de ficelle, paille, brindilles.
Objectifs :
- Construire un personnage en volume en partant d’une image.
- Réussir à construire son personnage dans une position verticale, en ronde-bosse.
- Faire des découvertes tactiles et sensorielles.
- Exercer des choix sur les matériaux employés.
- Découvrir la technique du modelage
Compétences travaillées :
- Effectuer une production en volume
- Adapter son geste aux contraintes matérielles
- Faire preuve de création et d’imagination
Séance 4 : sculpture des doudous en argile (MS), construction de cabanes pour les personnages (GS)

Durée : 1 heure
Médium : mousse, morceaux de bois, ficelle, tissus, paille.
Modalités : en binôme
Objectifs :
- Créer une architecture éphémère
- Assembler des matériaux hétéroclites en vue de créer une composition
- Reconnaître et nommer divers matériaux
- Exercer des choix sur les matériaux employés
- Utiliser différentes matières et savoir commenter son geste
Compétences travaillées :
- Réaliser une composition plastique en volume
- Adapter son geste aux contraintes matérielles
- Faire preuve de création et d’imagination
Séance 5 : mise en scène photographique

Durée : 1 heure
Outils : 1 appareil photo numérique par binôme
Modalités : en binôme
Objectifs :
- Découvrir le travail in situ
- Déterminer un espace pour mettre en scène son personnage
- Apprendre à utiliser un appareil photo
- Choisir un point de vue à l’aide d’un appareil photo
- Apprendre à cadrer une image
- Travailler sur la distance de la prise de vue
- Retrouver sur le terrain l’espace photographié
- Effectuer des prises de vues différentes d’un même lieu.
Compétences travaillées :
- Produire une photographie numérique
- Faire preuve de création et d’imagination
- Différencier le réel et l’imaginaire
Analyse de la séance 3 : sculpter un doudou en argile
Phase d’approche
En partant des photocopies de deux doudous de la séance précédente (ourson et lapin), j’ai expliqué aux élèves que nous allions les mettre en volume, créer un compagnon de jeu aux doudous en peluche. Je leur ai alors demandé quel matériaux nous pourrions utiliser. Après cela, je leur ai présenté un morceau de terre et ce qu’il était possible de faire avec, ses propriétés. Mais comment allions nous faire le pelage ? Lors de la séance précédente, les élèves avaient déjà réfléchi à la notion de « pelage ». Comment le représenter ? Comment matérialiser sa texture à travers le geste ? Avec quels outils ? En reprenant les acquis du travail effectué, j’ai demandé aux élèves de choisir un seul matériau parmi ceux qu’ils avaient à disposition sur les tables pour effectuer le pelage de l’animal. Ils devaient cette fois-ci traduire le pelage de l’animal à l’aide de copeaux de bois, ficelle, paille ou brindilles incorporés dans la sculpture d’argile. L’idée était de maintenir un lien avec les matériaux utilisés par Pascal Mirande. J’ai présenté chaque élément aux enfants afin qu’ils puissent les nommer et décrire leur aspect, leur couleur, leur forme, leur taille. Enfin, chacun a choisi lequel des deux animaux il souhaitait représenter et nous avons commencé l’atelier.
Contraintes
- Choisir 1 seul matériau naturel pour réaliser le pelage
- Réaliser une sculpture en ronde-bosse
Déroulement
Phase 1. Les enfants n’avaient jamais manipulé d’argile. Il s’agissait donc de leur montrer le plaisir à malaxer, pétrir, triturer cette matière, à se salir… Le premier temps de découverte de l’argile peut parfois être difficile à cause de la couleur, du ressenti : « c’est sale ». J’ai donc, armée de ma blouse blanche, montré aux enfants qu’il ne fallait pas hésiter à mettre les mains dedans, à établir un contact physique avec la matière. C’est surtout par l’intermédiaire de la main que les élèves ont exploré les qualités tactiles de l’argile. Manipuler la terre est l’occasion d’éprouver des sensations contrastées: frais/tiède, lisse/rugueux, humide/sec, souple/dur, compact/friable. Selon les différentes étapes du travail, j’ai encouragé les élèves à les nommer. Afin de limiter leurs angoisses, je leur ai également dit qu’en cas de « ratage », on pouvait refaire une boule et recommencer. Les enfants n’ont pas longtemps été hésitants et se sont vite mis à l’ouvrage.
Phase 2. Voyant, les enfants en difficulté par rapport à la morphologie du doudou, je leur ai demandé de nommer les parties du corps et de les désigner. Par quoi commencer la sculpture ? La tête ? Les pieds ? Il n’était pas évident pour les élèves de commencer par les pieds, élément venant soutenir l’ensemble. Par automatisme, il commençait à modeler la tête ou différents fragments de corps, mais ne réfléchissaient pas à la possibilité d’empilement des formes du bas vers le haut. Leur démarche s’apparentait davantage à la réalisation d’un bas-relief et ils avaient certaines difficultés à imaginer le volume en 3 dimensions. Il s’agissait de leur faire bien comprendre que le résultat attendu était un personnage qui puisse tenir debout de façon autonome. Je suis donc intervenue auprès de chacun, avec l’aide de Valérie, pour étayer la tâche. Je leur ai expliqué l’utilité de la barbotine pour encoller deux parties. Je leur ai dit qu’on pouvait ainsi assembler, des billes, des boules, des colombins et toutes sortes de formes pour parvenir à sculpter le doudou. Les élèves ont progressivement compris le sens de la démarche et ont réussi à sculpter la forme du doudou debout. Très souvent, le caractère informe et inachevé du modelage ajoutait une expression de fragilité ou de mouvement. Il fallait alors guetter les différentes phases de réalisations pour montrer à l’élève le résultat qu’il était parvenu à atteindre.
Phase 3. Une fois le modelage terminé, chaque élève devait choisir un matériau à incorporer à l’argile pour faire le pelage. Chacun a consciencieusement fait son choix et a minutieusement enfoncé chaque élément dans la terre, un à un. Les doudous ont soudainement pris l’allure de poupée vaudou ! Ces animaux aux pelages insolites avaient tous des caractéristiques différentes, aucun ne se ressemblait. Piquantes, effrayantes, attirantes, surprenantes ou apaisantes, les textures des pelages donnaient du caractère à l’animal. Lorsque l’élève considérait avoir fini, nous dispositions leur créations sur du carton pour les mettre à sécher.
Bilan et difficultés
Dans l’ensemble, cette séance s’est bien déroulée. Les enfants ont fait un premier apprentissage de la sculpture et ont finalement acquis la notion de ronde-bosse. En observant les réalisations, on peut constater qu’ils ont réussi à s’exprimer à travers ce médium et cette opération plastique. Néanmoins, on peut regretter le manque de temps accordé par la séquence (dû à nos emplois du temps respectifs). En effet, il aurait peut-être été intéressant de laisser aux enfants une séance de manipulation libre. Cela leur aurait permis d’explorer de simples besoins sensoriels et gestuels : empoigner, pétrir, étreindre, lisser, caresser la terre. Ils auraient également eu l’occasion d’expérimenter des formes et des gestes sur la terre avant de réaliser une forme plus complexe. L’apprentissage aurait été plus progressif pour apprendre à doser la pression des mains et aventurer son poignet, son avant-bras ou son bras tout entier…
Prolongement
- Faire connaître des œuvres d’artistes qui ont utilisé l’argile, par une visite dans un musée ou par l’intermédiaire de reproductions.
- Sensibiliser à la notion de patrimoine : l’argile dans l’histoire, en visitant le musée de la Briqueterie à Langueux.
Article remarquable à la hauteur de ton implication cette année dans le groupe « cellul’art ».
pascal Bertrand