SAVIN Léa M1-TD2-GR3 « La Magie des couleurs… »

La production que j’ai choisie de présenter s’inscrit dans le cadre du TP « Peinture ». Parmi les nombreuses incitations dont nous disposions afin d’aborder ce thème, j’ai finalement décidé de travailler sur les mélanges, nuances et dégradés de couleurs.


La Magie des couleurs (1) La Magie des couleurs (2)


• Pour ce faire, j’ai utilisé :

–          une feuille de papier Canson de format raisin ;

–          de la gouache ROUGE, JAUNE et BLEUE ;

–          une éponge ;

–          une petite plaque de plexiglas ;

–          et mes mains


Le mot « peinture » renvoie, selon moi, davantage à la notion de palette de couleurs qu’à celle d’œuvre achevée. Par conséquent, il m’est apparu plus naturel et plaisant de « jouer » avec les couleurs plutôt que d’imaginer une représentation picturale à accomplir. Je suis donc partie –les trois couleurs primaires en mains- dans l’optique de réaliser une production proche du cercle chromatique.

A la différence de cette représentation conventionnelle, j’ai décidé de placer les couleurs primaires en V sur ma feuille afin qu’il n’y ait pas de blanc. Après avoir réalisé le dégradé du rouge vers le jaune à l’aide d’une éponge, j’ai accolé chaque couleur primaire à sa complémentaire. C’est ainsi que le vert a fait face au rouge, le orange au bleu et le violet au jaune. J’ai dans un premier temps regretté cette initiative qui a fait échouer mon projet initial de cercle chromatique et de dégradés de couleurs, puis j’ai dans un second temps opté pour un affichage marqué de l’opposition des couleurs et de leur mise en valeur réciproque ( 1). J’ai donc tamponné chaque couleur obtenue lors de mélanges sur sa complémentaire, mais en faisant figurer le nom de la couleur entachée. J’y suis parvenue en recouvrant une petite plaque de plexiglas de chaque couleur et en y inscrivant  le nom de sa couleur opposée à l’envers. Au final, les mots tamponnés sont difficilement lisibles, mais chaque couleur m’apparaît être suffisamment mise en valeur et parler d’elle-même sans qu’il ne faille y mettre de mots.


Le fait que les couleurs suffisent à elles seules n’est pas sans rappeler la célèbre symbolique des couleurs, leurs effets psychologiques et le pouvoir que ces dernières ont de susciter des émotions…



• C’est d’ailleurs pourquoi j’ai décidé de poursuivre l’analyse de ma production en me référant au mouvement artistique dit du Color-Field Painting (littéralement Peinture de champ de couleur ou champ coloré). Cette tendance, liée au mouvement expressionniste abstrait américain, est identifiée dans les années 1950 par le critique d’art new-yorkais Clement Greenberg (1909-1994). Greenberg repère que la couleur occupe une place prépondérante dans le travail de certains artistes expressionnistes abstraits, tels Barnett Newman, Mark Rothko, Clyfford Still, Kenneth Noland, Morris Louis ou encore Helen Frankenthaler. Il développe alors l’idée selon laquelle la peinture doit faire son autocritique en se concentrant essentiellement sur ses qualités propres, à savoir l’absence de relief et LA COULEUR. Ainsi, les tableaux issus du Color-Field Painting présentent de grandes surfaces saturées de couleur où les détails se font rares. Ce mouvement implique que seules les réactions optiques comptent dans la peinture.


J’ai choisi de vous présenter un tableau de Barnett Newman. Cet artiste américain est né à New York en 1905 et y est décédé en 1970. Considéré comme l’un des pionniers de l’expressionnisme abstrait, il est également l’un des premiers peintres du Color-Field Painting.


Vir Heroicus Sublimis, Barnett Newmann, Huile sur toile (1950-51), ColorField Painting, MoMA NYC (2)

NEWMAN B. « Vir Heroicus Sublimis » (1950-51),

Huile sur toile, 242.2 x 541.7 cm,

Museum of Modern Art, New York City

newman


Ce tableau, dont le titre en latin signifie « L’homme héroïque et sublime », est composé d’une unique plage de couleur rouge séparée par trois fines bandes de couleurs verticales, que Newman nommait des « zip » (fermetures éclair) et qui constituent un élément constant de son œuvre. Plus que le geste et la technique employés, c’est la couleur qui fait la force du travail du peintre.


Si ma production diffère de l’œuvre de Newman en ce que j’ai utilisé davantage de couleurs et que la structure de ma réalisation n’est pas aussi rectiligne que la sienne, ma démarche présente des similitudes avec le mouvement dans lequel s’inscrit le tableau présenté ci-dessus. En effet, j’ai réalisé –comme les artistes du Color-Field Painting– des aplats colorés non figuratifs et dénués de profondeur (absence de perspective). La couleur n’a pas de fonction figurative ; elle est le sujet-même de l’œuvre. Ainsi, de telles plages de couleurs s’adressent à la sensibilité de l’observateur. Plus que les formes et les contours, la couleur a un pouvoir qui transcende la raison.


Un siècle avant la naissance du Color-Field Painting, le peintre Eugène Delacroix (1798-1863) -l’un des plus grands coloristes qui fut et quelque peu annonciateur- avait déclaré que : « La couleur est par excellence la partie de l’art qui détient le don magique. Alors que le sujet, la forme, la ligne s’adressent d’abord à la pensée, la couleur n’a aucun sens pour l’intelligence, mais elle a tous les pouvoirs sur la sensibilité ».


[Autorisation pour le Superblog]


(1) En ce qui concerne la théorie des couleurs, le chimiste français Michel-Eugène Chevreul (1786-1889) a mis en évidence le fait qu’une couleur donne à une couleur avoisinante une nuance complémentaire dans le ton : les complémentaires s’éclairent mutuellement et les couleurs non-complémentaires paraissent « salies », comme lorsqu’un jaune placé près d’un vert prend une nuance violette.

2 réflexions sur « SAVIN Léa M1-TD2-GR3 « La Magie des couleurs… » »

  1. article rigoureux et complet.
    Petit détail à modifier: « cercle chromatique que l’on enseigne souvent à l’école primaire » A tort d’ailleurs car il n’est pas mentionné dans les programmes. On préférera enseigner les relations couleur/matière/lumière en les expérimentant en arts et en sciences par exemple.
    Ton investissement dans cellulart est constant, je t’en félicite, Léa.

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