Pauline Le Potier M1-IUFM de Saint-Brieuc
Dans le cadre du projet de galerie d’art à vocation pédagogique sur le site de l’IUFM (accordé par quelques étudiants M1 et une étudiante M2 sous l’impulsion de notre formateur en Arts Visuels et Multimédia de l’IUFM de SAINT-BRIEUC) voici un regard rétrospectif sur une séance menée avec des élèves de cycle 3, tournée vers l’œuvre de Richard Baquié intitulée Batailles.
La création d’une galerie d’art à vocation pédagogique tient du fait qu’il nous a semblé très vivifiant de mener un projet commun autour de l’art contemporain auprès d’un jeune public de cycle 3. L’intérêt d’une telle galerie se traduit par la fait qu’elle est porteuse de curiosité chez les élèves et qu’elle permet de favoriser la ou les rencontres entre les œuvres et les enfants pour mieux lever les préjugés sur l’art et s’ouvrir au possible vers la création artistique. En tant que futurs enseignants, il nous a semblé très intéressant de participer à ce projet, vecteur d’éducation à l’histoire des arts dans le cadre des programmes 2008. Cette galerie fut aussi un lieu-ressource qui a permis d’offrir à tous les élèves l’opportunité de découvrir une galerie d’art, parfois inconnue à leurs yeux. Enfin, elle fut une fenêtre ouverte sur le collectif et la création, fédérant ainsi toute une équipe.
A deux reprises, nous avons eu la chance d’accueillir deux classes de CE2 à raison de deux heures. J’ai choisi pour cette analyse rétrospective de m’appuyer sur le travail de la séance du 18 avril 2011 : classe de CE2 basée sur SAINT-BRIEUC. Dans un premier temps, les 28 élèves ont pu prendre connaissance avec les quatre œuvres de la galerie d’art : Batailles de Richard Baquié, USA-ESPAÑA de Raymond Hains, Silence d’Yves Bellenfant et Alphabet de Jacques Villeglé. C’est à travers multiples questionnements et une présentation de deux œuvres que les élèves se sont exposés à un premier contact adoptant des attitudes de curiosité.
Découverte libre de l’exposition par les élèves. Un élève s’interroge ici devant l’oeuvre d’ Yves Belenfant intitulée Silence.
De manière libre, les élèves ont pris exploré le contenu de l’exposition, attentif aux œuvres et aux cartels explicatifs. Ce moment fut privilégié car les enfants ont adopté une attitude de curiosité en restant parfois stupéfaits devant certaines œuvres (notamment celle de Yves Belenfant ci-dessus, laissant pour le moins perplexe). Cette première approche fut complétée par une présentation de deux œuvres : Batailles de Richard Baquié et Alphabet de Jacques Villeglé (par souci de temps).
Le deuxième axe de travail fut tourné vers la pratique plastique autour de l’œuvre de Richard Baquié, choix de l’équipe Cellul’art avec pour consigne de faire se rencontrer des contraires.
Batailles, Richard Baquié, 1989-1990, 12 aquarelles, encre sur papier et texte dactylographié, 2 x (36 x 181).
Né à Marseille en 1952, Richard Baquié est surtout connu comme sculpteur tout en ayant développé une production graphique.
Son œuvre Batailles consiste en douze duo de petites surfaces de couleurs vives accompagnées chacun d’un texte dactylographié, l’ensemble disposé en frise sur deux supports de bois. Les formes, au départ plutôt carrées, ont des limites incertaines et se diluent en partie l’une dans l’autre par l’usage de l’aquarelle, véhicule particulièrement fluide.
Fidèle à son intérêt pour les mots, Baquié fait appel à un lexique en partie étranger au contexte pour rendre compte de ces micro-évènements chromatiques. Attaque, repli, avance, position, infiltration, mobilisation, occupation, invasion, autant de termes qui définissent le théâtre de manœuvres guerrières tout en désignant avec précision les mouvances à peine perceptibles des flux colorés dans l’instant où ils sont posés sur le papier.
En lien avec le travail de Baquié, nous avons voulu orienter un travail de production vers les notions de contraires, d’opposition et de fusion.
Pour cela, nous avons proposé aux élèves un atelier unique avec pour consigne:
« Trouvez des éléments contraires et faites-les se rencontrer ».
Pour les guider dans leur travail nous avons noté les consignes sur un tableau. Ce travail de production s’est déroulé en quatre grands axes.
Le premier axe de travail eut pour but de trouver deux éléments radicalement opposés. Pour cela, nous avons disposé sur une table une multitude de matériaux différents (matière, bruit, épaisseur, etc.). En binôme, les élèves ont eu pour tache de choisir deux matériaux qui leur semblaient complètement contraires, le sens du mot contraire pouvant se définir sur des sensations (toucher, odorat, aspect, etc.) et des perceptions.
Toutes sortes de matériaux, d’objets variés ont été mis à disposition des élèves en vue d’effectuer leur production plastique.
Une fois ce choix déterminé, les élèves ont eu pour consigne d’associer des mots à leurs matériaux, travail aussi transversal sur le vocabulaire. Pour les guider, nous avons écris plusieurs mots au tableau : épais, lisse, rugueux, fort, mou, grand, etc. La contrainte fut cependant de se limiter à quatre éléments maximum, différents, soit par leur couleur, leur constituant ou leur dimension. Ce travail fut très riche pour les élèves puisqu’ils ont du faire appel à leurs sens et dépasser l’aspect concret pour rentrer petit à petit dans l’abstrait.
Ensuite vint le moment détourné. Avec leurs éléments contraires, la consigne fut de les faire se rencontrer par n’importe quel moyen, en respectant la contrainte d’organiser la rencontre sur un support carton de petit format. Ce travail ne fut pas évident pour tous contenu de la difficulté de trouver les techniques. Notre idée fut de les laisser réfléchir un maximum par eux-mêmes. Bien entendu, nous avons du de temps en temps les orienter dans leurs démarches. Le travail produit fut dans l’ensemble riche. Les élèves ont fait preuve d’imagination et ont pu explorer des techniques nouvelles, inconnues.
Ici, un élève expérimente un nouvelle technique. Même l’usage d’un sucre peut apporter des effets intéressants.
L’ensemble de ces productions pu être au final verbalement exploité. Vint donc en dernier lieu le moment très important de la verbalisation. Chacun leur tour, les élèves, en groupe ont commenté leur travail : choix des matériaux, lien avec les mots, expérimentation plastique pour favoriser la rencontre. Bien que ce temps fut trop court (tous les élèves n’ont pas pu s’exprimer), il fut riche de sens, puisqu’une production plastique ne va pas s’en verbalisation. Je pense en effet que ce temps de parole est primordial car il met en valeur leur travail et fait figure de sens en laissant apparaître qu’une production parle. Même si elle reste personnelle, une production peut être aussi traduite par des mots, des phrases. Ce moment est aussi important en vue de l’expression orale et encore une fois fait figure de transversalité avec l’étude de la langue française.
Le dernier temps de cet atelier fut marqué par une verbalisation où chacun a pu s’exprimer sur son travail et sa démarche. Ce moment essentiel fut cependant faute de temps trop court.
Ainsi, ce travail fut extrêmement riche, unique et original. Il fut aussi expérimental à savoir il n’est pas exhaustif et il reste encore beaucoup à faire et à refaire. Cependant, le travail de longue haleine mené en amont par le groupe Cellul’art a fait ses preuves, puisque la trame de départ fut ajustée mais en partie respectée. Cette expérience fut unique pour nous futurs enseignants montrant aussi les exigences du métier : organisation, temps de parole, gestion de la classe, gestion du matériel, etc.
Article complet et bien ciblé. Investissement remarquable.
Merci de légender et/ou par infobulles les photographies des élèves et des productions. D’autres photos de rencontres plastiques seraient bienvenues avant de transférer l’ensemble dans la catégorie expos manifs du blog. Merci
Pascal BERTRAND
Bonjour Pascal,
Merci pour les commentaires.
J’ai légèrement modifié l’article en ajoutant donc des légendes aux photos.
J’espère que cela convient.
Pauline
oui très bien Pauline c’est parfait !
Pascal