Titre : fenêtre sur l’inconnu(e)

Description : La production suivante met en scène des mains prises au piège sous un support transparent.
Démarche : Ce travail repose sur l’expérimentation, l’exploration de la peinture et ses techniques picturales. De plus, il est le fruit de l’expérimentation de deux pistes basées sur un jeu de relief et d’observation : faire ressortir/camoufler, et couvrir/recouvrir.
La photocopie de mains d’homme est le fragment qui est camouflé, couvert et recouvert afin de ne faire ressortir que les mains. La photocopie est collée grâce à une bombe de colle en spray, sur une feuille noire, à grammage fin. Je trouvais ce cliché intéressant de part les contrastes de noirs et blancs qui montrent une apposition forte sur le plateau de la photocopieuse. L’obscurité de l’arrière plan donne de la profondeur. Ce phénomène d’opposition d’ombre et de lumière sur un fond totalement noir m’a fait penser à une sorte d’énergie qui circule dans ces mains. Cette énergie serait une chaleur humaine, si forte, qu’elle peut faire fondre le support.
D’où l’idée de la plaque de plexiglas pour recouvrir les membres. Ce matériau, présent dans la vie de tous les jours, peut avoir un rôle de vitre, on aborde là la transparence. De plus, il est facile à fondre et déformer. J’ai donc superposé la plaque et le support sur lequel se trouve la photocopie. A l’aide d’un crayon papier, j’ai grossièrement hachuré le plexi au niveau des zones claires, dans le but de repérer les zones à chauffer. Cela produit un effet radiographié, brûlé, embué, qui serait dû à l’action des mains. De plus, grâce à un pinceau en brosse, étroit, peu imbibé, j’ai grossièrement peint un mélange non homogène de peinture acrylique, rouge et jaune, et d’eau (pour diluer légèrement). Le but étant, par touche de couleurs éparses, de représenter cette chaleur corporelle, au niveau des zones déformées. Le support et la plaque, qui crée la rigidité de « l’œuvre », sont également collés grâce à une bombe de colle en spray. Le surplus de support a été retiré au cutter, la découpe longe la plaque de plexiglas, pour que les 2 éléments soient aux mêmes dimensions.
Je décide de recouvrir la plaque d’une matière qui s’apparenterait à de la neige. Le but étant de créer une forte opposition entre la noirceur dominante de la photocopie et un blanc opaque, homogène, tout autour des mains, créant ainsi un espace clos. Pour obtenir cette matière, je voulais mélanger de la peinture acrylique blanche et du gros sel (sans réelle garantie de résultat). Mais faute de gros sel, j’ai mélangé de la peinture acrylique brillante, mate, de la gouache blanche liquide et en poudre, des copeaux de bois, du sable, de la fécule de pomme de terre. Ce mélange pour le moins original n’a pas de dosage. Pour peindre, j’utilise un pinceau brosse, plat, de largeur moyenne, avec lequel je dépose des paquets du mélange (technique de l’empâtement), que j’étale grossièrement de façon non régulière, pour un effet vallonné. Le problème est de savoir quel sera le rendu final et l’adhérence de la mixture sur le plastique. Avant que le tout sèche, je saupoudre de la fécule de pomme de terre (effet voulu : poudreuse), des billes de polystyrène, et des pastilles de cire pour bougie (effet voulu : relief du sol).
Je cherche à créer un effet de relief aéré. Le résultat n’est pas probant. Le mélange en séchant a légèrement craquelé, et le volume créé et voulu au départ, a disparu. A la place d’un effet neige, on obtient un effet terre aride blanche, tel de l’argile. On est passé d’une texture crème fondante à une texture sèche, rêche et dure. Mais le résultat final laisse, il me semble, libre court à de nombreuses et diverses interprétations. (Les mots en gras, sont les notions abordées)
Cette production peut aussi bien être accrochée sur un mur, un plafond, un sol. C’est une sorte de fenêtre sur l’inconnu.

Référence : http://www.idixa.net/Pixa/pagixa-0806100812.html
Image : www.toutfait.com/…/clair/images/03_big.jpg
Cette production de Marcel Duchamp, plus connu pour ses readymades, est caractérisée par un dessin figuratif fait au crayon, sur une feuille de papier montée sur bois (25*15*5,1). L’originalité est le relief de plâtre qui matérialise une joue dans laquelle on imagine une langue (d’où le titre). Cela donne une dimension tactile à l’œuvre et une nouvelle dimension visuelle, avec le jeu d’ombre et de lumière que cela crée. Est-ce un portrait ou autoportrait de l’artiste ? Il n’y a pas d’information sur cette hypothèse, en revanche, la forme en plâtre serait un moulage de la joue de Marcel Duchamp lui-même.
Cette réalisation en 3 dimensions est intéressante puisqu’elle associe des matériaux peu liés. D’un côté, on a la légèreté du papier et de l’autre le poids du plâtre. Comment l’artiste a-t-il assemblé les deux, est-ce collé ? Par son apparente singularité et facilité, cette œuvre interpelle.
J’ai choisi cette œuvre de Duchamp car l’on part d’un support plat pour faire ressortir une partie du visage afin d’en attirer l’attention, comme si le personnage représenté commençait à sortir du papier. Il est personnifié par le plâtre. Je trouve qu’il est intéressant de la confronter à ma production. En effet, à l’inverse, j’ai représenté une partie du corps coincée, par et sous une partie du support, comme ensevelie. Marcel Duchamp utilise des matériaux de base, pas de mélange. Dans « fenêtre ouverte sur l’inconnu(e) », la matière est totalement artificielle, impossible à refaire puisque totalement improvisée. Au côté épuré et maîtrisé de Duchamp, s’oppose l’improvisation et l’expérimentation de ce que j’ai fait. Cependant, dans ces deux représentations, le relief est matérialisé par du blanc, donnant une impression de légèreté (tel le la meringue), bien que les matériaux soient compacts.
L’observation de ces productions intrigue : qui se cache derrière ces apparentes façades ?
Pistes pédagogiques :
–Photocopier une partie du corps et l’exploiter
-Travailler les notions de plan et de relief (ce que l’on devine)
-Verbaliser leur travail, développer leur imagination
-Travailler avec une consigne et une ou plusieurs contraintes
-Les inciter à manipuler, mélanger, créer de la matière, utiliser de outils variés
-Aborder la notion de moulage : j’ai découvert lors de mes recherches un procédé de moulage facilement réalisable avec les enfants (Cf. la marque, Lucky hands), qui permet de reproduire une partie du corps (main, pied), exploitable par la suite.